Il sacrifizio umano praticato dagli Acidi
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Prescription de 1860
Ce fut l’année qui précéda notre arrivée. C’était le premier anniversaire de la mort
du roi Ghezo. Outre les centaines d’hommes immolés un peu de toutes les manières, les
féticheurs prescrivirent au roi de parcourir dans le sang humain l’espace compris entre la
ville de Canna et celle d’Agbomé. Le chemin qui unit ces deux villes est large pour donner
Passage à la foule, qui doit souvent le parcourir avec le roi dans les allées et venues très
fréquentes. La distance de ces deux villes ou la longueur du chemin en question est d’envi
ron 12 km. Je l’ai parcouru plusieurs fois en hamac, je pourrais me tromper d’un kilo
mètre à peu près, mais si l’on veut qu’on le suppose seulement de 10 km, il n’est pas moins
certainement. Donc le roi a dû le parcourir en entier marchant dans le sang. Voici com
ment on s’y est pris, selon la description que j’en ai souvent entendu. On échelonna des
hommes à la distance de 3 ou 4 m l’un de l’autre le long du grand chemin, puis le roi suivi
de toute sa cour, de tout le peuple commença son parcours. On tranchait la tête à un hom
me, puis on promenait la tête toute ensanglantée jusqu’à l’homme suivant qu’on abattait
de même et le roi avançait à mesure et de cette sorte on lui fit parcourir toute la distance
entre Canna et Agbomé. Pour prendre les éléments les plus sûrs, ne donnons à la distance
que 10 km en supposant les hommes échelonnés de 5 en 5 m., ce qui est au-dessous de la
réalité, il aurait fallu 20 hommes pour chaque hectomètre, 200 pour chaque km et 2000
Pour toute la distance entre les deux villes. J’ignore si ce nombre a été sacrifié, mais je ne
Puis douter du fait et des dimensions locales que j’ai atténuées.
Prescription de 1862
Je ne suis pas exactement renseigné sur les circonstances de cette prescription qui
s est du reste accomplie pendant notre séjour au Dahomey, ou en 62 ou en 63, je ne me
rappelle plus au juste en quelle des deux années. Cette horrible prescription obligeait le roi
a faire une excursion en pirogue, mais en navigant non pas dans l’eau, mais bien dans le
sang humain. On creusa un fossé, je ne sais de quelles dimensions et comme il aurait été
lr npossible d’avoir le sang à l’état navigable, on remplit l’excavation en partie avec de
f eau, puis on égorgea, j’ignore quel nombre de victimes, de manière à rougir l’eau et lui
donner l’apparence du sang. Le roi fit sa course en pirogue avec toutes les solennités
d’usage.
Prescription de 1864
Un grand nombre de sacrifices pendant les trois années précédentes avait été fait
P°ur obtenir des fétiches la victoire contre la ville d’Abéokouta, sous les murs de laquelle
déjà le roi Ghezo avait été battu. Son fils Glélé s’était proposé de venger la honte de son
Pore. En 1862, puis en 63 il avait essayé vainement d’organiser une pareille expédition.
Los fétiches n’avaient pas été propices. Finalement en mars 1864 le roi arriva avec toute
s °n armée sous les murs de la grande ville. Il y fut encore battu d’une manière désastreuse
e f même honteuse. J’ai visité moi-même le champ de bataille 40 jours après. La campagne
e tait encore toute encombrée de cadavres des soldats et des Amazones du Dahomey,
Car la ville d’Abéokouta sut se défendre mieux que jamais. Pour dissimuler une pareille
défaite et rentrer à la capitale en triomphe, le roi fit acheter de toutes parts des esclaves
qui furent emmenés à Abomé comme s’ils avaient été le trophée de la victoire. J’ai connu
a Whydah plusieurs négociants qui ont fait les ventes et les achats. J’ai vu à Porto-Novo les
c °mmissaires du roi chargés de trouver les esclaves. Avec eux le roi put se donner un air de
Va mqueur, mais personne ne fut trompé, seulement on devait ignorer la défaite et ne parler
que de victoire pour sauver l’honneur des fétiches qui n’avaient pas maintenu la promesse.
"^Près une pareille défaite cependant on pourrait croire un peu atténuées les exigences des
fétiches dans les prescriptions. Loin de là. La même année on ordonna au roi pour obtenir
^ a faveur des fétiches, de leur bâtir un temple nouveau. Comme les bâtiments se font en
ferre qu’on pétrit avec de l’eau, c’est-à-dire avec du pisé, on prescrivit au roi de faire pétrir