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Full Text: Anthropos, 66.1971

Notes sur le Ndeya Kanga, secte syncrétique du Bouiti au Gabon 
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déterminés. Poussés à la fois par l’ambition et par l’orgueil, les Fang ont peu 
à peu créé plusieurs lieux de culte bieri en multipliant les reliques de leurs 
ancêtres. Non seulement chaque village eut ses bieris, mais aussi, chaque 
famille en avait plusieurs, un pour le père, un pour la mère, d’autres pour un 
mari, etc. Le Bieri devint de la sorte une cause de division et de désagrégation 
de la tribu fang, sans que quelqu’un osât s’opposer à cet effritement. C’est 
alors vers 1900, que les «bilopes», les gens de l’intérieur du Gabon que les 
Fang ne comprenaient pas, vinrent dans l’Estuaire apportant avec eux un 
nouveau culte, le Bouiti. 
Parmi les Fang, qui ressentaient péniblement ce déséquilibre social et cette 
désagrégation, il y avait des gens sensibles au problème de l’unité. A leurs 
yeux, le Bouiti apparaissait comme un moyen actuel, efficace et juste pour 
retrouver la cohésion perdue. Ainsi, le Bouiti fut accepté et adapté à la cul 
ture, à la tradition et aux besoins actuels des Fang. Ce peuple intelligent, 
prévoyant, prudent et fier de sa «race», allait trouver sa régénération dans ce 
nouveau culte, apporté de l’intérieur du Gabon par les esclaves et les ouvriers 
forestiers. 
A la place du Bieri tombé en désuétude naquirent des «centres» boui- 
tistes avec leurs guides spirituels, kamho, où tout était mis en œuvre afin que 
ce nouveau culte prospère. Plus puissant que le Bieri, il offrait des possibilités 
de s’engager dans la vie et de s’exprimer selon les besoins contemporains. Il 
faut dire en outre que les Fang ont un caractère spéculatif, une âme inquiète 
et portée à philosopher. Ils sont aussi des «théologiens», pour lesquels le destin 
de l’homme après la mort ne peut pas rester une énigme. 
Le besoin de rencontrer les ancêtres, de connaître l’au-delà et même de 
«voir» Dieu a poussé les Fang vers cette «science» spirituelle, comme ils disent, 
fiui est aujourd’hui en évolution continuelle et qu’on essaie de doter d’un «sys 
tème» théologique et philosophique. Ces tentatives pour aboutir à un système 
religieux cohérent s’expliquent d’autant mieux que les guides spirituels des nom 
breuses sectes bouitistes se recrutent très souvent parmi les anciens élèves des 
missions catholiques qui ont souvent passé plusieurs années comme petits sémi 
naristes dans ces établissements. Ce sont eux qui introduisent une nouvelle 
liturgie et de nouveaux vêtements de culte, empruntés à l’Eglise catholique. 
Mais ils ne contribuent pas à créer l’unité espérée des Fang. Au contraire, ils 
divisent ce peuple en créant de nouvelles branches, animées cependant de l’idée 
b unité raciale et religieuse, pour s’opposer aux Blancs et à l’Eglise catholique. 
2. Du Bouiti à une secte syncrétique 
Le nom générique bouiti englobe le culte des ancêtres et les cérémonies 
destinées à les vénérer. La fonction secondaire du Bouiti, greffée sur la pre- 
mier e qui est d’essence religieuse, est d’ordre didactique, esthétique et social. 
Le Bouiti est alors considéré comme une institution éducative, cultuelle et 
disciplinaire. p Q ur parler du Bouiti (bwiti), on utilise parfois un autre terme 
de la langue mitsogho, dissumba, qui veut dire «le commencement».
	        
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