Yesufu Asogba - modeleur dahoméen
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cauris, appelé akus, et des bracelets noirs appelés abajs. Elle tient dans ses
mains une sorte de verge, un petit balai appelé oha qui sert dans une danse et
aussi pour nettoyer le pourtour du Vodun matérialisé. Le bonnet à visière
qu’elle a est d’origine Yoruba 41 .
Les figures 15 (A2.1) et 16 (A2.1) représentent deux femmes consacrées
au Vodun Sakpata pendant une cérémonie à ce Vodun. Elles tiennent, dans
leurs mains, ce balai oha que nous venons de décrire dans la figure 14. Elles ont
un collier de perles noires, appelé glogloys orné d’un pendentif en forme de
cauris akus, des bracelets dits abajs, et un pagne vert vlanya. Ce sont deux
Vodunsi, personnes vouées au culte après une ou des initiations, aux danses,
aux chants et à la langue propre à leur Vodun 42 .
Sakpata est le Vodun de la terre, du sol. Il est la divinité de la terre.
Là aussi, il y a de nombreuses explications données à cette divinité 43 .
Très souvent, Sakpata est appelé le Vodun de la variole. Or il semble que la
41 Bernolles (1966:18) fait des comparaisons entre la coiffure Yoruba et le
bonnet dogon: «Une statuette yoruba présente un bonnet très long, courbe et pointu ...
La courbure se fait d’ailleurs vers le dos du porteur ... Aussi je me demande si ce dernier
bonnet, porté encore en sa souplesse, n’évoque pas telle manière de porter le bonnet dogon,
et si l’un et l’autre ne peuvent pas, de la sorte, expliquer le bonnet d’un certain pasteur
tassilien de la période bovidienne.» Une telle hypothèse peut être possible. Mais comment
l’expliquer avec l’attitude qu’ont les Yoruba et les Gun vis-à-vis des pasteurs.
42 En effet, chaque grand Vodun a sa langue pour son culte. La langue est apprise
aux initiés pendant leur temps de formation. Cette langue est souvent une langue d’une
ethnie voisine ou bien elle vient de l’ethnie qui a introduit ce Vodun.
43 Le Hérissé (1911: 128) écrit: «Le culte de ‘Sakpata’ ... fut importé sous le règne
b’Agadja (quatrième roi). A ce temps-là, les guerriers dahoméens avaient été conduits
contre Hondji (cercle du Mono) et la variole les avait décimés bien plus que les armes
ennemies. Effrayé de cette cause de mortalité nouvelle dans ses armées, le roi envoya des
Anthropos 67. 1972
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