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PP. Soury-Lavergne et de la Devèze, S. J.,
«ils sont chargés de faire la raie à la famille royale, car ils sont les aînés
des préposés aux prémices de Sa Majesté 1 ».
Ces officiers renversent à terre une superbe vache tachetée des plaques
rituelles blanches 1 2 3 . Et le souverain, debout près de la victime, se met à prier:
«Je vous prie, ô Dieu! Je prie le Créateur,
la vertu sainte du ciel et de la terre, la vertu
sainte du soleil, de la lune, les vertus saintes
des 12 montagnes, les vertus saintes des
12 rois; et je vous prie, vous tous mes an
cêtres: car je vais faire homme mon
enfant 3 ; et je vais lui rendre l’hommage
saint. C’est pourquoi j’amène ici cette vache
tachetée, m’en servant pour prier Dieu et le
Créateur, et rendre l’hommage saint à l’en
fant 4 * . . . Ainsi, que je sois saint, Dieu! Que
l’enfant triomphe et l’emporte pour devenir
vieux! Qu’il ne soit pas malade! Qu’il ait la
plaie facile!»
On découpe la vache ; on en porte la bosse
au roi; et il la lèche après avoir dit: «Que
je sois saint, ô Dieu! Que mon fils soit
maître de la terre et du royaume!» . . . Alors
les hommes qui-ont-père-et-mère-vivants,
parmi les fils des Talasora, font la raie au roi,
aux pères et mères des enfants du sang à
circoncire. Et voici ce qu’ils disent, eux et le
roi, avant de commencer: «Bénissez! Bénis
sez*! Dieu, Créateur! Qu’ils ne soient arrêtés
par aucun obstacle, saisis par aucun malheur,
les enfants! Qu’ils triomphent et l’emportent
pour atteindre de longs jours! Qu’ils soient
sans maladie! Qu’ils aient la plaie facile!»
«Ary mivavaka amin' Andriamanitra
aho, mivavaka amin'ny Zanahary, amin'ny
hasin'ny tany sy ny lanitra, sy ny hasin'ny
masoandro, sy ny volana, sy mivavaka
amin J ny hasin'ny tendrombohitra 12 , sy ny
hasin'ny 12 nanjüka, ary mivavaka ami-
nareo razako rehetra: fa handahilahy
zaza aho sy hanasin-jaza: koa mitondra
io omby volavita io, entiko mivavaka amin'
Andriamanitra sy ny Zanahary, sy manasin-
jaza dia ho masiria anie aho Andriamanitra !
hahaleo anie ny zazà! hahalasana ho tra-
trantitra! tsy harofy! ho moraim-pery !»
Ary dia rasaina ny omby . . . Entin'ny
Velondraiamandreny eo amin'ny andriana
ny trafony dia lelafiny. Dia izao no fite-
nitiy raha hilelaka ny trafon-kena: «Ho
masina anie aho Andriamanitra! hahaleo
tany sy fanjakana anie ny zanaka!» Dia
soritan'ny Velondraimandreny amin'ny za-
naky talasora ny volon'ny andriana sy ny
rainjaza sy ny renin'ny zaza niteraka azy.
Dia izao no fitenin'ny andriana sy ny Ve
londraiamandreny hanoritra ny volony :
«Sambasamba Andriamanitra Andrianana-
hary! tsy ho azo-ntsampona! tsy ho azon-
tambana! hahaleo anie ny zaza! hahala
sana ânie ho tratrantitra! tsy harofy! ho
moraim-pery !»
On fait trois raies: deux en avant, une à la nuque. Puis on tire des
coups de fusil et des coups de canon 6 ; et on danse. On tue un grand nombre
de bœufs. Le lendemain on ira danser encore à Andohamandry 7 .
S’il s’agit des deux autres circoncisions: noble et populaire, on fait à
peu près de même. On convoque tous les parents. Des nattes sont étendues,
1 Prémices, santatra : les observances rituelles liées au commencement, à l’«inauguration»
de tout acte public important, dans la vie malgache. Cf. Tantara, pp. 48—61.
2 C’est la bête volavita : marquée en certains endroits de taches blanches rondes, en
forme d’écus d’argent (vola) parfaits (vita), cf. Tantara, p. 165. — L’espèce bovine malgache
a une bosse, la bosse du zébu.
3 Lui faire les souhaits de viritité.
4 C’est le hasin-jaza : offrande sainte, sanctifiante (une pièce d’argent, souvent), faite à
l’enfant à circoncire. Dans le mot hasina, toujours semble être incluse une idée de vertu, force
surnaturelle.
1 On pourrait ajouter: «Merci! Merci!»
6 Coups de canon, seulement, depuis Radama I, et surtout depuis Ranavalona I et ses
successeurs.
7 Quartier de Tananarive.