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Full Text: Anthropos, 16/17.1921/22

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P. J. Alves Correia, C. S. Sp. 
Un totem Nigérien. 
Les tortues, parentes des peuples Ibos. 
P. J. Alves Correia, C. S. Sp. 
11 y a bien des bêtes comme j’ai déjà eu l’occasion de montrer au lecteur, 
qui jouissent du privilège d’attendrir les bons cœurs ibos de la Nigéria 
(«Anthropos» XVI—XVII, p. 360). D’autres hommes, et même d’autres Ibos, 
ne réussissent pas au même degré à attirer la compassion de ces cœurs en 
fantins, mélanges déconcertants de naïveté et de coquinerie! C’est bien au 
même endroit où j’ai entendu les vieilles mères noires avertir les petits poissons 
du Nengo de fuire l’assassin (... c’était mois) et d’aller se cacher dans les plis 
les plus mystérieux de la divine rivière, c’est dans ce même Nie je que je 
voyais, par contre, mes élèves très amusés de la moue que je faisais, en les 
entendant parler de banquets pantagruéliques de chair humaine: 
— Qu’est-ce que tu as a redire? C’est bon, la chair d’homme. 
— Quelle horreur! La chair de son frère! 
v — Mais non! Nous ne mangeons jamais la chair d’un N te je : c'est des 
étrangers que l’on mange; ce n’est pas des frères. 
Variétés de tabous nigériens. 
Cependant, de ne- pas manger de tel ou tel animal n’est pas toujours 
signe d’attendrissement ou d’amour. Si le Nteje, dévot fanatique et corrumpu, 
non seulement respecte superstitieusement les poissonets de sa rivière-fétiche, 
mais veut encore obliger les autres, avec un fanatisme farouche, à respecter 
ces mêmes poissons, il y a d’autres familles dans la tribu qui, tout en se 
privant de pêcher les «fils» de leurs rivières divines, ne s’inquiètent pas de 
voir les mécréants s’exposer à la colère de l’eau maîtresse et mère. L’Olasi 
est un cours d’eau aussi divin pour les Ukpo que le Nengo l’est pour les 
Nteje; il a autant de temples sur ses bords, où l’on va lui offrir les prémices 
des marchandises que l’on porte au marché et se frotter les yeux avec la 
craie consacrée, qui donne de la chance au nom de Dieu : et pourtant les 
Ukpo, s’ils voient des étrangers pêcher à la ligne dans les eaux sacrées de 
Olasi, s’étonnent, s’amusent même de ce toupet stupéfiant, et passent outre, 
laissant au fétiche de défendre ses fils et ses droits, s’il le veut... A Nri, 
une espèce de ville sainte, Rome ou La Mècque des Ibos, où moins la bonne 
moitié des bêtes sauvages est tabou, j’ai vu des indigènes faire des cadeaux 
à un chasseur européen pour avoir tué des singes, voleurs de maïs, lesquels, 
cependant, l’indigène était tenu de respecter, probablement parce que propriété 
de la Forêt personifiée et divine... 
Rappelons que les dieux révérés par l’Ibo ne sont pas précisément des 
bien-aimés: ce sont d’ordinaire des esprits méchants, que l’on propitie, que 
l’on veut détourner de nuire. On comprend ainsi qu’il y ait pas mal de choses 
tabous, défendues, sacrées (nsà ana) qui ne le sont pas pour un motif d’amour, 
ou de respect filial, envers le génie possesseur. 
La plupart des tabous nigériens ont simplement ce caractère de «n’y 
touchez pas»: souvent parce que propriétés supposées d’un genie quelconque
	        
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