Analecta et Additamenta.
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Analecta et Additamenta.
Quelques notes supplémentaires concernant la langue Lonkundo. 1 — Je profite
de la recension parue dans « Anthropos » pour rectifier, au profit de ceux qui pourraient
s’y intéresser, certaines affirmations contenues dans mon étude.
L’orthographe des sons doubles n’a pas été basée sur la prononciation
phonétiquement transcrite, comme le feraient penser certaines expressions que j’ai
employées. J’ai plutôt voulu la baser sur les phonèmes et, pour le reste, sur des règles
grammaticales. Ainsi la transcription data du radical bât est construite par analogie
avec les règles de la conjugaison des autres radicaux. Il en est de même pour
ata du radical ât. Il ne me semble pas pratique, pour fixer une orthographe, de
s’en tenir uniquement à la phonétique. Il nous faut des règles auxquelles le simple
indigène, après avoir quitté l’école, puisse se référer en cas de doute, et qui soient
en même temps basées sur un principe logique conforme à la nature de la langue. Il
n’est guère possible, pratiquement, de laisser à l’ouïe le soin de mesurer les différences
entre les longueurs des sons ... Le premier a de ata est long tout comme le double
aa de data, quoique ce double aa soit un peu plus long. Mais comme cette différence
est difficile à saisir à l’ouïe et que pareille estimation est très sujette à une inter
prétation subjective et relative, il est peu indiqué de se fier uniquement à l’ouïe pour
une orthographe pratique.
Il en est de même des deux consonnes nn ou mm. On pourrait phonétiquement
écrire un seul n ou m. Cependant, les indigènes prétendent qu’ils allongent ces nasales
dans les cas où théoriquement elles sont doublées. Ici encore, notre orthographe s’est
placée au point de vue pratique. Elle fait aussi une bonne distinction entre certains
mots ou certaines formes verbales et évite ainsi les signes diacritiques des tons (mmklà
est plus logique que mita).
La variabilité de r et l est nette chez certains individus. Les variations
dialectales entre d et l existent. Pour r ou l je n’ai jamais constaté une variation dialectale ;
uniquement une variation individuelle. Ceux qui disent r sont l’exception rarissime ;
un peu comme certains Européens qui ne savent prononcer r, mais disent l à la place.
Quant aux tons il ne peut être mis en doute qu’une syllabe basse peut avoir
l’accent dynamique et qu’une syllabe haute peut n’être pas accentuée. Comme dans
l’exemple cité : dsanga : seul le a du début est haut et non accentué ; le sa est bas,
mais porte l’accent dynamique. Les exemples abondent en lomongo ; mais j’avoue que
la prononciation correcte exige de l’Européen un long exercice après lequel on arrive
cependant à prononcer comme les indigènes. Mais le P. Schumacher a raison quand
il dit, comme moi, que l’accent dynamique est de moindre importance ; puisque aussi
bien il ne sert pas à la distinction entre les mots, comme c’est le cas pour la tonalité.
G. Hulstaert, M. S. C. 1
1 A propos de la recension de : G. Hulstaert, M. S. C., Praktische Grammatica
van het Lonkundo (Lomongo) (Belgisch Kongo). Antwerpen 1938. (Anthropos, Vol.
XXXV-XXXVI [1940-41], p. 1023-1024). (Extrait d’une lettre du 8 mars 1946.)