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Full Text: Anthropos, 61.1966

Il sacrifizio umano praticato dagli Acidi 
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féticheurs aient voulu, par là, simuler par dérision l’image du grand féticheur des Blancs, 
le Christ en croix. J’ai dit ailleurs que les Noirs portent quelquefois suspendues au cou des 
croix précieuses, reçues en cadeau des négociants brésiliens, mais ils y ont remplacé la 
figure adorable de Notre-Seigneur par une figure grotesque et dérisoire ainsi que j’ai eu 
l’occasion de le constater moi-même à la capitale. S’ils ont eu l’idée de mettre en dérision le 
Christ en croix, ils n’auraient pas manqué l’autre idée correspondante de mettre un Blanc 
e n croix sous une forme dérisoire. Je dois ajouter, pour compléter cet aperçu, des sacri 
fices où le corps de la victime est exposé que ces cadavres sont laissés sur place tant qu’ils 
ne tombent en pourriture. Or, dès les premiers jours, ils exhalent assez d’odeur pour attirer 
a eux des miriades de vautours et autres animaux de proie qui voltigent tout autour d’une 
manière hideuse. Au commencement, ces oiseaux n’osent pas attaquer l’homme qui est 
comme debout sur les potences et où il conserve une apparence à le faire croire vivant. 
Mais l’odeur attire la bête, on les voit donc par centaines s’approcher, regarder avec cet 
œil de volupté propre aux vautours des tropiques. On les voit couronner les toits des 
maisons voisines, voltiger tout autour des victimes, jusqu’enfin ils osent les attaquer et s’en 
disputer les lambeaux. 
J’ajoute pour finir cet article que j’ai eu sous les yeux un grand nombre de dessins 
grossièrement tracés mais fidèles, faits par un Noir de la maison du Jevogan de Whydah. 
Ces dessins et une foule d’informations prises chez des témoins oculaires m’ont fourni 
Ms descriptions que je viens de tracer. 
Sacrifices au précipice 
C’est une des plus ignobles manières de sacrifier. Cela se fait en plein jour avec grand 
a Pparat, les Blancs de distinction doivent y assister. On dresse une estrade élevée de 5 à 
6 mètres, assez grande pour contenir 40 à 50 personnes. On la couvre d’une belle toiture 
bien décorée, faite en toile et en étoffes précieuses. La toiture est élevée de 3 à 4 mètres sur 
1 estrade afin que la vue puisse être libre et le roi contempler son peuple de la hauteur et le 
Peuple voir son aimable roi et sa suite pendant qu’il se livre à des actes si bienfaisants 
Pour son peuple. Un commode escalier en tais donne accès sur l’estrade. Elle est construite 
ordinairement sur le bord d’une de ces grandes excavations si fréquentes dans les villes, 
excavations produites par l’extraction de la terre qui a servi à construire les maisons. Le 
moment solennel arrivé, pendant que l’armée entière assiste au spectacle, tous les rangs, 
Ms grands chefs sous leurs parasols, les féticheurs et les féticheuses aux chants de jubilation 
e f en dansant, la foule ivre déjà à l’avance pour la satisfaction qu’on va lui donner, le roi 
babillé de ses plus beaux costumes, suivi de ses fidèles accolytes, monte sur l’estrade. Il 
allume sa pipe, d’autres boivent l’eau de vie sacramentelle, ce qui accompagne toutes les 
Ce rémonies civiles et religieuses. Quelque européen, s’il y en a, est invité à monter avec le 
sur l’estrade, enfin la cérémonie va commencer. Les victimes sont baillonées de manière 
a ne pas pouvoir crier (le bâillon est un morceau de bois dont une partie est introduite dans 
la bouche pour presser la langue et ainsi empêcher la formation de la voix, il est retenu en 
Place par des liens solides, il fait déjà souffrir horriblement). Les jambes sont repliées et les 
Poignets des mains solidement liés à la hauteur de la cheville de la jambe. De cette manière 
la victime forme comme une boule ramassée. A un signal donné les victimes sont portées 
SUr l’estrade dans de grands paniers, présentées au roi, qui, armé d’un long marteau, 
e°mmence par leur donner un coup fort à la tête, après quoi elles sont lancées l’une après 
1 autre en bas de l’estrade dans l’excavation mentionnée. Là une foule infernale les attend. 
^ moitié mortes par la chute après le coup de marteau, elles sont traînées, déchirées, mal 
menées de toutes les manières par cette foule dont rien ne saurait dépeindre la férocité. 
M faut remarquer qu’autrefois ces sacrifices étaient offerts à une divinité dont le culte s’est 
Presque perdu au Dahomey, mais dont il reste la partie plus cruelle. On dit qu’autrefois 
° n adorait les caïmans si abondants dans ces pays marécageux, que dans cette excavation 
0ri en conservait un grand nombre et que les victimes étaient lancées pour être ensuite 
déchirées en lambeaux par les caïmans eux-mêmes. Il paraît que les caïmans n’y sont plus, 
mais à leur place on met dans la fosse des caïmans empaillés plus la foule qui représente 
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