Il sacrifizio umano praticato dagli Acidi
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L’amiral anglais, Sir Wilmot, deux ans après, dut subir les mêmes humiliations,
malgré ses trois frégates mouillées en rade de Whydah. Au Dahomey on tient absolument à
faire assister les Blancs aux sacrifices sanglants. C’est à cause de cela que dès notre arrivée,
en 1861, toutes les fois que nous étions invités à aller à la capitale, nous protestions tou
jours d’une manière très catégorique, que nous n’aurions jamais pu y aller si le roi avait
voulu nous faire assister à des horreurs que nous devions hautement condamner. Le roi et
sa cour ont très bien compris la justesse de nos exigences ; de plus, le roi même m’a souvent
déclaré qu’il avait assez d’intelligence pour comprendre que le missionnaire ne devait
Pas y assister. Je suis le seul européen qui soit allé à la capitale, y ait été reçu avec le plus
grand apparat et n’ait jamais assisté à rien de superstitieux ni de sanguinaire. Je dois
rendre cette justice au roi Glélé. Il n’a pas même essayé une seule fois de blesser ma li
berté de conscience, je dois dire qu’il a agi en cela avec une délicatesse et des égards qu’on
n ’aurait jamais cru possibles dans un personnage de sa condition et il avait l’air de bien le
comprendre.
Sacrifices des femmes du roi défunt
Je ne connais guère de détails sur le nombre et la manière de faire mourir les femmes
du roi défunt. Dans les cérémonies et les fêtes de 1860, au premier anniversaire de la mort
du roi Ghezo, on a estimé à près de 800 les femmes immolées autour de sa tombe. On leur
fait boire le poison et elles doivent mourir sur place sans bouger. Tantôt on les dispose
encore autour de la tombe toutes couchées et on leur perce le cœur avec un poignard.
Elles doivent encore expirer sur place. Il est probable qu’on les laisse pourrir, qu’on retire
les squelettes après, pour renouveler les sacrifices un certain temps. On en sacrifiait encore
a près un an depuis la mort du roi. Tout ce que j’ai dit des sacrifices sanglants n’est qu’une
goutte d’eau à côté de la mer. Je n’ai jamais assisté à rien de pareil, je ne puis que rapporter
quelques détails recueillis des témoins qui ont vu pour moi. On en entend de toute couleur.
6 y a une variété immense dans les différentes circonstances. Cela change encore de pays à
Pays. Le peu qu’on sait, par exemple, des sacrifices humains, non pas du Dahomey mais
du pays voisin et limitrophe, les Ashantis, dont la capitale a été prise par les Anglais dans
la dernière guerre 1873, donne à comprendre que le Dahomey n’est plus rien à côté en fait
de sang humain versé en sacrifice. Le pays des Ashantis est plus riche, plus grand que le
Dahomey, il doit tout naturellement verser plus de sang.
Sacrifices à l’huile de palme
Le titre paraît bizarre, mais on va le trouver juste. Je dis d’abord que j’ai connu
a a Dahomey des négociants de couleur blanche qui ont non seulement assisté à ces sacri
fices, mais encore y ont pris une part active en se chargeant d’allumer de leur main le
Eu barbare. D’autres ont offert au roi des esclaves pour les sacrifices. Ce sont des Blancs
qui ont passé par la terre du Brésil, puis naturalisés africains. Ces ignobles sacrifices,
dignes d’un Néron consistent à lier les victimes sur des poutres, de manière à ne pouvoir
bouger. Je ne sais pas si on les y fait mourir ou si on les tue avant. Une fois en place, on
mtroduit par la bouche un peu d’huile de palme comme dans une lampe, on y adapte une
meche et on l’allume. Ces bouches des victimes servent ainsi de lampes pour terminer
Es fêtes quand elles se prolongent avant dans la nuit. On les dispose le long des
endroits où l’on doit passer, on lance des mots spirituels à l’adresse des victimes inani
mées, comme si éclairer le chemin était une fonction toute naturelle. Je ne connais guère
d autres détails, mais cela donne matière à imaginer des horreurs sans fin.
Sacrifices à la mer
Si le commerce languit ou s’il plaît aux féticheurs de décréter que pour le faire
fleurir, il faut du sang humain, on sacrifie les victimes en les égorgeant sur le bord de
'a mer, de manière que le sang coule sur le sable et aille se mêler à l’eau de l’océan. Ordi-
n airement on sacrifie des bœufs, mais on y ajoute ou substitue assez souvent des hommes.