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Full Text: Anthropos, 69.1974

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Claude Rivière 
Anthropos 69. 1974 
Dans l’almamiat du Fouta Djalon fondé après la guerre sainte [jihad) 
du XVIII e siècle, la position des groupes claniques se définit historiquement 
par rapport au pouvoir politique. Si donc le pouvoir politique est prioritaire 
analytiquement par rapport au système lignager, on peut penser que des chan 
gements politiques entraînent plus rapidement des changements dans la stra 
tification sociale que dans le cas où le système politique épouse les lignes de 
clivage de la hiérarchie lignagère territoriale et dépend d’elle comme dans 
l’organisation sociale malinké. 
I. Les rapports de domination-subordination au Fouta Djalon 
D’emblée se révèle à l’observateur le caractère foncièrement inégalitaire 
des sociétés de l’aire culturelle soudanaise. Dans la société peule du Fouta 
Djalon, chaque strate sociale est dépositaire de statuts institutionnalisés pm 
des coutumiers vécus délimitant à chacune ses droits et ses obligations. Les 
hommes libres [rimbe, sing. dimmo) se distinguent politiquement, économique 
ment et culturellement des gens de condition servile [dijaahe, sing. dijaado) 
aussi bien que des artisans castés [neehuhe, sing. neeno) en état de marginali 
sation politique, mais supérieurs aux esclaves. A l’intérieur même des strates, 
le compartimentage social est accusé par des distinctions hiérarchiques. Ainsi 
parmi les hommes libres, les catégories sociales s’étagent selon le rang ascen 
dant : non peul, peul bourouré (éleveurs de brousse), peul du commun, mernbi e 
d’un lignage aristocratique de chefs. Parmi les gens de caste, les potiers se 
situent au bas de l’échelle et les tisserands à l’autre extrémité. Chez les esclaves, 
l’esclave de case est supérieur à l’esclave de conquête, lequel peut éventuelle 
ment avoir à son service un «esclave d’esclave». 
Le terme de système d’ordre, employé par G. Balandier (1967:105), con 
viendrait le mieux pour désigner l’ordonnance hiérarchique de ces groupes en 
situation relative de domination ou de subordination, à condition que soif 
précisé le contenu des rapports existant entre eux. Or jusqu’à présent, ceS 
rapports ont été interprétés par référence à des schémas de systématisation 
en partie inadéquats. Ainsi a-t-on défini la société peule du Fouta comn 10 
étant une féodalité, un régime de castes, un système esclavagiste. 
Le système d’ordre dominant inclut en fait des aspects d’autres systèm eS 
connus sans que l’on soit en droit d’attribuer au tout les caractères des partie^- 
Ainsi montrerons-nous que le concept de féodalité convient mal à des sociét eS 
qui pourtant comportent des nobles, des vassaux et tributaires, que l’organ 1 
sation lignagère a pour cadre de fonctionnement les clivages de l’organisation 
politique qui lui est supérieure et que si s’expriment des rapports de maî tre 
à esclave, la nature de ces rapports, le poids démographique des deux group 65, 
et le système des droits et devoirs réciproques, interdisent d’assimiler tout I e 
régime à ce que les marxistes nomment le mode de production esclavagiste 
Enfin, les caractéristiques du système des castes s’appliquent essentielleiuon 
aux artisans et aux griots comme nous le prouverons dans le chapitre stir 
l’artisanat.
	        
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