Dynamique de la stratification sociale chez les Peuls de Guinée
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Appliqué à des situations fort diverses, le terme de féodalité recouvre
des thèses qui, si elles convergent pour l’essentiel diffèrent notablement quant
au mode d’accentuation des phénomènes jugés les plus explicatifs du système.
La référence historique servant à l’élaboration du modèle est dans tous les
Ca s l’occident médiéval. Pour le marxiste, l’explication d’ensemble des rapports
s °ciaux se noue autour de la possession ou de la non-possession des domaines
territoriaux, déterminant le mode de production, tandis que pour Gurvitch,
c est la pluralité des hiérarchies qui permet d’expliquer le système. Quant aux
historiens, ils appellent féodale la société où l’existence politique se fonde sur
Uri acte d’allégeance personnelle lié principalement à 1 appropriation de la
ter re. Mais selon l’insistance de l’analyste sur telle ou telle forme de rapports
s °ciaux, et selon les cas étudiés (Bunyoro, Bariba du Dahomey, Ruanda par
temple), l’image du féodalisme est sujette à modification. Sans entrer dans les
controverses des F. Ganshof (1944), J. Maquet (1961a et b) J. Beattie (1960),
J- Lombard (1966), on peut retenir de leurs interprétations l’importance qu ils
accordent au lien interpersonnel de dépendance, et la nécessaire distance à pren-
^■ re par rapport au modèle occidental pour la compréhension des cas africains.
J- Baquet va même jusqu’à contester que la féodalité soit un mode de pro
Onction bien qu’elle nécessite des surplus économiques; il la considère comme
Uri r égime politique.
Pour le cas que nous allons examiner, le trait politique apparaît comme
Majeur. Droits et privilèges se fondent moins sur la possession de la terre et
bétail que sur les fonctions politico-administratives déléguées de manière
st abl e à quelques chefs de province et de village, par un pouvoir centralise.
J ai hais les pouvoirs et droits lignagers n’ont véritablement menacés 1 oigam-
saticm politique. Afin de préciser notre point de vue sur la valeur de 1 analogie
c°dale, et tout en recherchant la nature exacte des rapports entre strates
° c iales, nous tenterons d’unir la référence à quatre critères.
6’ordre politique: le mode d’allégeance ou type de lien de dépendance,
d’ordre économique: l’appartenance du sol;
d’ordre sociologique: la compétition des groupements hiérarchisés;
d’ordre psychosocial: les fondements statutaires du système des ordres.
Nous n’allons pas inventer une nouvelle féodalité parce que nous avons
rç u une «aristocratie» foulane aux caractères originaux, ni pousser a tout
h rix dans le schéma marxiste des cinq stades, les faits observés pour montrer
üs se moulent dans une théorie déjà forgée. Nous utiliserons seulement es
9 u a.tre repères précédents, que nous jugeons significatifs des élaborations t eo
9ues sur féodalisme, pour mieux saisir la nature des rapports sociaux e
r °duction qui sont aussi des relations entre groupes stratifiés.
Péri
, C Le mode d'allégeance réfère d'abord aux
ème hiérarchique des liens entre les diverses co -¿¿es renvoient à
f* les idées de suzeraineté, de vassalité, de serv ^ dépen dance et de pro-
0ut un complexe de relations à caractère personn . d commande-
tec Lon. Distingués par leur vocation guernere et leur exercic