Le système nominal des Lapons de Kautokeino
845
Depuis 1830 environ, il arrive que des enfants reçoivent des prénoms
doubles (guovte namat) ou même triples [golma namat) ; Inga Marit, Johan Ante,
Miskal Niilas, Eide Risten Rauna, etc. Cette habitude tend actuellement à se
généraliser. Dans ce cas les deux composantes du prénom renvoient générale
ment chacune à un parent différent.
Deux Lapons qui ont même prénom sont réciproquement gai’hmi (pl.
gaimit). Lorsque deux gaimit n’ont pas de lien de parenté, cette relation
n’implique aucune obligation, du moins formelle; s’ils sont proches parents
ou bien si l’un est le parrain (rist-acci) de l’autre, les liens de parenté ou de
parrainage s’en trouvent renforcés. Lorsque l’on est nommé d’après un des
grands-parents, celui-ci estgai’bmiad’dja, gai’hmi ak’ko, ad’dja et ak’ko signifiant
grand-père et grand-mère. L’utilisation récente de prénoms doubles a conduit
à une interprétation non restrictive du concept de gai’bmi : se considèrent comme
tels par exemple Ante et Ante Niilas, et même Miskal Niilas et Johan Miskal.
Sont également gaimit les personnes qui portent des variantes d’un même
prénom: par exemple Aslak et Ailo. On utilise particulièrement le terme
gai’bmi pour s’adresser à un compagnon de beuverie; pendant l’ivresse, l’accent
est en effet toujours mis sur le lien (le plus souvent de parenté) qui relie les
partenaires.
2. La dénomination des parents consanguins
et des alliés (adresse)
Le terme d’adresse utilisé pour les parents consanguins des générations
inférieures est toujours le prénom (Tab. 1). Dans la génération d’Ego, on emploie
le terme de parenté ou le prénom: celui-ci joue un rôle discriminant entre des
personnes avec lesquelles on est dans une même relation de parenté 3 . Lors
qu’une fille a un seul frère, ou un garçon une seule sœur, ils utilisent souvent
les termes de parenté viel’lja (frère) et oah’ba (sœur) pour les nommer. Cette
terminologie subsiste après la naissance d’autres frères et sœurs, qu’on appelle
par leurs prénoms; viel’lja et oab’ba sont alors employés par tous les germains
pour nommer l’aîné des frères et l’aînée des sœurs:
1 2 3 4 5
O O À O A
(les chiffres correspondent à l’ordre des naissances)
2, 3, 4, 5 appellent 1 oab’ba
1, 2, 4, 5 appellent 3 viel’lja
2, 4, 5 s’appellent entre eux, et sont appelés par 1 et 3, par leur prénom.
3 Nous ne donnons pas ici une description exhaustive du système de parenté
lapon, qui est bien connu grâce aux travaux de Bergsland 1942, Whitaker 1955,
Pehrson 1957.