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Full Text: Anthropos, 10/11.1915/16

La Maison cabocle (Amazonas, Brésil). 
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La Maison cabocle (Amazonas, Brésil). 
Par le P. Tatevin, C. Sp. S., Teffé (Amazonas). 
On appelle cabocle l’Indien devenu chrétien et par cela même plus ou 
moins civilisé, qui peuple pour une bonne part les rives de l’Amazone et de 
ses affluents. Tout en adoptant autant qu’il le peut notre civilisation extérieure, 
il a pourtant beaucoup conservé de son ancêtre indien. Souvent même il est 
né au milieu des tribus qui peuplent encore les rivières peu fréquentées. Un 
Blanc qui passait par là, a demandé au tusâwa (chef de la tribu) de lui fournir 
de petits ou de grands Indiens en échange de certaines marchandises; ils ont 
été livrés par l’autocrate sauvage, le Blanc les a fait baptiser et ils ont été 
élevés ainsi à la dignité de cabocles. Souvent encore, on les traite d’indiens 
mais c’est par jalousie, par dédain ou par un manque de penchant à la bien 
veillance. En réalité, ils sont déjà et se croient fermement devenus cabocles. 
Leurs enfants jouiront de ce titre d’une façon incontestée. Presque toujours 
il sait parler le neëngata, mais en raison de la grande invasion de Blancs et 
Mulâtres de la côte orientale du Brésil qui s’est produite ces trente et 
surtout ces vingt dernières années, et qui a de beaucoup diminué l’importance 
de la race indienne en ce pays, la nouvelle génération n’apprend plus cette 
langue, inconnue de trop de gens, et considérée par ceux-ci comme une 
langue de sauvages. Son importance diminue chaque jour même dans la vie 
domestique, par suite des mariages d’hommes ne sachant pas le neëngata avec 
des femmes qui le parlent, et plus rarement de femmes qui l’ignorent avec 
des hommes qui le parlent. 
Avec le neëngata , il sait plus ou moins biçn, et l’on peut dire toujours, 
la langue portugaise. Quand il- est né dans les tribus, ou qu’il descend de 
parents nés chez les Indiens, il parle encore un dialecte indien; mais celui-là 
n’apparaît que dans les réunions de «frères» de la même tribu: on en a plus 
ou moins honte à cause du mépris que certains Blancs, le peuple ignorant 
en général, attache au nom d’Indien. 
La vie du cabocle doit par la force des choses différer assez peu de 
celle de l’Indien. Comme lui, il habite au A bord de l’eau dans l’immense forêt 
vierge, qui ne souffre pas pour ainsi dire d’interruption depuis la mer jusqu’aux 
Andes. Mais au lieu d’habiter les petites rivières retirées, il recherche les grandes 
artères fluviales, pour pouvoir jouir des avantages de la civilisation, en com 
muniquant plus aisément avec les Blancs des villages qui lui vendent de l’étoffe, 
du sucre, du sel, du café et du tafia en échange de ses poissons, de ses 
tortues, de ses bananes, de sa farine de manioc et de ses fruits. 
Pour la même raison, tout en ayant les mêmes occupations que l’Indien, 
la pêche, la culture et un peu la chasse, et assez souvent maintenant l’ex 
traction du caoutchouc, il lui faut travailler davantage, afin d’avoir toujours 
deux paires ou trois de pantalons et de chemises pour lui, deux jupes et 
deux chemisettes pour sa femme, une robe pour chacune de ses filles jusqu’à 
l’âge de douze ans, un sarrau pour chacun de ses garçons jusqu’à l’âge de 
huit ans, après quoi les enfants prennent le même costume que leurs parents
	        
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