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Full Text: Anthropos, 16/17.1921/22

Un totem Nigérien. 
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fanatiques, sectairiennement fétichistes, comme sont les Ibos igarisants, tou 
jours prêts à venger leurs fétiches méprisables. Mais il y a d’autres choses, 
des animaux généralement, que même les Ibos purs, qui sont sensés, sobres 
et tolérants (Adas, Abajas, Owélés), sont portés eux-mêmes à défendre contre 
les injures même d’étrangers. C’est le cas du boa en beaucoup d’aggloméra 
tions aussi bien Isaras qu 'Abajas, c’est le cas de la tortue partout où vit 
une population Ibo. 
A Nri, là où les paysans remerciaient les chasseurs européens de leur tuer 
le singe, sacré et voleur, tous les anciens venaient en députation à l’école 
catholique, représenter contre les nouveaux chrétiens, fiers cte leur indépen 
dance et de leur liberté, qui faisaient rager leurs bons parents en tuant et en 
mangeant du crocodile et du boa: donc, singe tabou haï; boa tabou d’un 
autre genre, que l’on chérit, et défend. 
A Adazi, les gens de la ville apprirent que nos catéchistes avaient fait 
un festin aux dépens d’une pauvre chèvre offerte à Agu, génie de la brousse, 
et qui avait dans le domaine de son nouveau maître: et les gens de la ville 
ont ri de cette espièglerie, d’un mécréant sans préjugés, contre une idole 
qu’eux redoutaient. Peu de temps après, ces mêmes païens tolérants et bons 
garçons sont venus à apprendre que le catéchiste avait pris une tortue. Ils 
-l’ont forcé à la lâcher et m’ont averti que l’école serait fermée, abandonnée 
de tous les enfants du pays, si l’instituteur ne respectait pas à l’avenir ce 
qui était comme les enfants du peuple. 
A Ukpo, la population s’est levée un jour comme un seul homme en 
face d’un attentat de même genre perpétré par un agent de police. Mon gen 
darme avait été tenté par la proie facile d’un solitaire chélonien promenant 
sa carapace sans aucune sorte de souci. Le police le prend, le cache dans 
son sac de voyage et arrive chez le chef Obinabo. La tortue s’était jusque 
là tenue muette et coite; mais c’est un animal très malin (commentaient les 
indigènes): en se sentant chez le chef, au milieu de cœurs sympathiques, elle 
poussa un petit piaulement du fond de son bissac. Le police, interdit, ne sait' 
que devenir. Obinabo, le chef, qui ne veut pas- de question avec les agents 
du gouvernement, prend l’agent à part, le prie de lâcher le reptile, pour qu’il 
n’y ait pas de trouble dans le village, et lui donne, pour remplacer la pièce 
de venaison, un excellent jambon de chèvre. ... Autrement le peuple serait 
intervenu, comme s’il s’agissait de sauver la vie d’un frère fait prisonnier. 
Caractère de la tortue, type du caractère national. 
Dans toutes les histoires où figure Mbéku, nom indigène de Madame Tortue 
(c’est-à-dire, dans presque tous les contes du folk lore indigène), ce caractère 
de ruse fine est toujours mis en lumière de la façon la plus pittoresque. 
Un jour Mbéku dit à Enyi (c’est-à-dire, à l’éléphant): 
— Les bêtes prétendent que vous êtes trop lourd et ne pouvez pas aller 
jusqu’en ville. 
— Les animaux sont fous, dit l’éléphant. Je ne vais pas en ville parce 
que j’aime d’avantage la foret; aussi, je ne connais pas le chemin pour aller 
en ville. y ' 
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