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R. P. Dr. R. Verbrugge,
7 taels. On remarque ici comment on emploie concurremment diverses mon
naies, selon les objets, selon qu’on les vend ou les achète le plus souvent à
tel ou tel endroit, dont on prend alors le prix.
Le grand char lui-même coûte très cher, mettons 4.0 taels ou 50 grandes
ligatures, au bas mot. Ces chars ne se font généralement que dans les grands
centres, par des charrons spécialistes.
Il faut ensuite en considérer l’usure. Si quelque chose y casse, c’est
souvent un extra notable. La dépense la plus considérable en ce genre, c’est
quand il faut renouveler un brancard (yuan-ze) ou les deux à la fois. Long
temps on tâche de les réparer en les cerclant de bandes.en fer, mais ainsi
déjà ils perdent de leur solidité. Il faut pour fabriquer des brancards un bois
de toute première qualité, et on vous citera les meilleurs, en tchou-yu , ou
en tan-mou, et pour les petits chars en hoa-mou, en tch’ai-mou. On peut
faire ces réparations dans les centres de moindre importance; les paysans
de Ho-t’ou-wa vont souvent à T’ch’eu-tch’eng Pour une paire de brancards
on achète parfois deux arbres tout entiers, pour 30 à 40 ligatelles; on peut
alors utiliser le restant du bois à divers usages, diverses réparations, chars,
charrues, bâtiments. — Viennent ensuite, par rang d’importance, les roues,
dont l’essieu est la principale pièce. Une paire de roues bien faites peut se
payer 27 à 30 taels: ce sont de grossières roues, solides, à rayons et jantes
en bois, à pourtour cerclé de fer. Parfois les roues sont des plateaux pleins
(tchenn-kou-te\ kou-lou ou par abbréviation kou , veut dire roue): c’est souvent
le cas pour les chars les plus lourds, qui font le transport des grains par
entreprise pour les grandes firmes d’exportation; on voit parfois des caravanes
de dix ou vingt de ces monstres, se suivant, cahotés par les montagnes et
les rochers de la Mongolie. D’autres fois les roues n’ont que trois ou quatre
rayons, très épais, avec un dispositif en lettre H ou en dièze, et qu’on apelle
seu-k’oai-yang-ze, généralement très solide. L’essieu est fait en différentes
essences : tch’ou-yu , tsao-mou, hoai-mou, samo-mou. Deux dispositions sont
en usage pour le mouvement des roues sous le char: on dit houa-tch’eu
lorsque l’essieu est fixé au caisson, comme en Europe, et que la roue elle-
même tourne autour de lui; au contraire on dit t'ao-tch'eu lorsque l’essieu,
fixé à la roue, tourne sous le char.
Le prix des chevaux varie énormément, mais en chiffres ronds on pouvait,
mettre, en 1908—1909, un peu plus de 100 taels pour quatre chevaux; ce
prix augmentait d’année en année et il fallait un vrai flair de paysan pour
suffire avec cette somme. Souvent ce sont des chevaux gagnés et employés
à la ferme, ou obtenus d’occasion: tous ces grands fermiers sont en même
temps un peu maquignons. — On emploie aussi des mulets, belles et solides
bêtes: c’est encore plus luxueux et partant plus rare.
Mais après la part d’amortissement de tout ce premier capital, il reste
à faire entrer en ligne de compte une foule de frais accessoires. Le harnais
complet, avec tous les cordages du char, reviendra à 8 ou 10 taels; les col
liers en sont les pièces principales: on comptait 4 à 5 grandes ligatures pour
un attelage de trois, et 5 à 6 ligatures pour un attelage de quatre chevaux.
Et toujours il faut des réparations pour quelques centaines de sapèques.